du lièvre à l’élan et à l’ours ; de l’alouette à la gelinotte et au coq de bruyère ; de l’oie sauvage au cygne, à la grue, au corbeau, à la cigogne, à toutes les sortes de grèbes, guillemots, plongeons, sarcelles et canards ; du serpent à l’insecte ; du chien domestique au loup et au renard, il n’est pas un figurant du théâtre de la nature septentrionale qui ne manifeste ici son caractère, ses habitudes, son genre de vie[1] : l’écureuil est un aimable avare ; la martre est réputée pour son incivilité ; la loutre est une maraudeuse incorrigible, toujours errante ; l’instinct social des rats gris et de leurs ennemis les rats noirs les détermine à de véritables guerres nationales comparables à celles des hommes.
Les animaux de Selma Lagerlöf ignorent la subtilité, l’amoralité pratique et tout humaine que l’on connaît à ceux de La Fontaine ; une moralité saine, très proche de la nature et de la providentielle sagesse des instincts, nuance leur courtoisie et règle leurs rapports : frappante leçon pour un fils des hommes, rude école d’honnêteté et de franchise, où Nils apprend d’abord le respect et l’amour de la vie sous toutes ses formes.
Les animaux de Selma Lagerlöf sont peints avec une minutie précise ; et si ses descriptions de paysages révèlent la compatriote de Linné, comment ne point découvrir en elle quelque chose du génie qui inspire cet autre Suédois, l’admirable
- ↑ Quelques épisodes n’ont pu trouver place dans la traduction qui suit, où le lecteur français trouvera toutefois l’essentiel des deux volumes suédois. (T. H.)