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le merveilleux voyage de nils holgersson

— Tu as vu une ville ? dit la cigogne. Tu as dormi et rêvé, c’est bien ce que j’ai dit.

— Non, je n’ai pas rêvé, affirma Nils, et il raconta ce qu’il avait vu.

M. Ermenrich l’écouta, puis il dit :

— Pour ma part, Poucet, je crois que tu t’es endormi ici sur la grève et que tu as rêvé. Mais je ne te dissimulerai pas que Bataki, le corbeau, qui est le plus savant des oiseaux, m’a une fois raconté qu’il y aurait eu jadis ici au bord de l’eau une ville appelée Vineta. Elle était si opulente et si heureuse que jamais cité ne fut plus magnifique ; malheureusement ses habitants s’adonnèrent au luxe et à l’arrogance. En punition la ville de Vineta aurait été submergée par une violente marée et engloutie par la mer, à ce que Bataki prétend. Mais ses habitants ne peuvent pas mourir, et leur ville ne disparaît pas non plus. Une nuit tous les cent ans elle surgit des flots dans toute sa splendeur, et reste à la surface de la terre pendant une heure.

— Oui, il faut que ce soit vrai, dit Nils, car je l’ai vue.

— Mais l’heure écoulée, la ville s’enfonce de nouveau dans la mer, à moins toutefois qu’un des marchands de Vineta ait pu vendre quelque chose à un être vivant. Si tu avais eu la moindre petite monnaie, Poucet, pour payer les marchands, Vineta serait restée ici sur la terre, et ses habitants auraient pu vivre et mourir comme les autres mortels.

— Monsieur Ermenrich, dit Nils, je comprends maintenant pourquoi vous êtes venu me chercher au milieu de la nuit. C’est parce que vous avez pensé que je pourrais sauver la vieille ville. Je suis très triste que votre plan ait échoué, monsieur Ermenrich.