des niches, d’autres encore ornés de morceaux de verres multicolores ou de raies et de quadrillés formés de marbres blancs et noirs.
Tout en admirant ces belles choses, Nils fut saisi d’une espèce d’inquiétude. « Jamais mes yeux n’ont rien vu, pensait-il, jamais plus ils ne verront rien de pareil. » Et il se mit à courir vers l’intérieur de la ville, montant et descendant des rues et des rues.
Ces rues étaient étroites et resserrées, mais elles n’étaient pas vides et tristes comme celles des villes qu’il connaissait. Il y avait du monde partout. Des vieilles femmes filaient sur le pas des portes. Elles travaillaient sans l’aide d’un rouet, en se servant simplement d’une quenouille. Les échoppes et les boutiques des marchands étaient ouvertes sur la rue comme les baraques des foires. Tous les artisans travaillaient dehors. Ici on préparait de l’huile, là on corroyait des peaux, plus loin on voyait une corderie. Si Nils en avait eu le loisir, il aurait pu apprendre tous les métiers. Les armuriers martelaient le métal pour faire de minces plastrons de cuirasse, les orfèvres sertissaient des pierres précieuses dans des bagues et des bracelets, les cordonniers mettaient des semelles à de souples souliers rouges, les tireurs d’or tordaient du fil d’or, les tisserands brochaient des étoffes d’or et de soie. Mais Nils n’avait pas le temps de s’arrêter. Il courait vite par les rues pour voir le plus de choses possible avant que tout disparût.
Le haut rempart entourait partout la ville, l’enfermant comme une clôture enferme un champ ; à chaque bout de rue on le revoyait, couronné de tours et crénelé. Au sommet du mur, des soldats en harnais, brillants et casqués, montaient la garde. Après avoir