des oies sauvages qui paissaient là-haut. Bien qu’il n’eût rien laissé voir au bélier, il plaignait sincèrement les moutons et aurait bien voulu leur venir en aide. « Il faut que j’en parle à Akka et à Martin, le jars, pensa-t-il. Peut-être pourront-ils me conseiller. »
Un peu plus tard le jars blanc prit Nils sur son dos et se dirigea vers le Trou de l’Enfer.
Il marchait avec insouciance sur le plateau découvert, et ne semblait point se rendre compte de sa blancheur ni de sa haute taille qui le rendaient visible de très loin. C’était d’autant plus étrange que la tempête de la veille l’avait évidemment fort endommagé. Il boitait de la patte droite, et son aile gauche traînait par terre. Il ne s’en conduisait pas moins comme s’il n’y avait pas eu le moindre danger, happant çà et là un brin d’herbe sans regarder autour de lui. Le petit Poucet s’était étendu sur le dos du jars, les yeux fixés sur le ciel bleu. Il était si habitué à monter sur l’oie qu’il pouvait s’y tenir couché, debout ou assis, comme il voulait.
Étant si insoucieux, comment le gamin et le jars auraient-ils vu que les trois renards s’étaient glissés sur le plateau ? Les renards savaient qu’il est presque impossible de s’approcher d’une oie dans un champ découvert : ils ne songeaient d’abord pas à donner la chasse au jars. Mais n’ayant rien à faire, ils se blottirent dans une crevasse et rampèrent prudemment vers lui. Ils n’étaient pas loin, lorsque tout à coup le jars tenta de s’enlever dans l’air. Il battit des ailes, mais ne réussit pas à s’envoler. À cette vue les renards redoublèrent de zèle. Ils montèrent dans la plaine et coururent vers lui, s’abritant derrière des pierres et des tertres. Finalement ils se