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à travers la suède

Il parut à Nils que le ton de ces paroles indiquait une intention particulière.

Puis le bélier conduisit Nils à la grève, où il put voir de près les géants qui l’avaient effrayé la veille. Ce n’étaient que des rocs isolés. Le bélier les appelait des « raukar ».

Nils ne se lassait pas de les regarder. Si jamais des trolls avaient été changés en pierre, ils devaient avoir cet aspect.

Bien que ce fût très beau sur le rivage, Nils préférait retourner sur la hauteur. En bas on rencontrait partout des restes de moutons tués. C’est ici que les renards avaient fait leurs repas. Il y avait des squelettes bien rongés, mais aussi des corps à moitié dévorés, et d’autres que les renards avaient à peine touchés. Le cœur se serrait devant ce carnage que les renards avaient en grande partie fait pour le plaisir de chasser et de tuer.

Le bélier remonta avec Nils sur le haut plateau de l’île. Arrivé au sommet, il s’arrêta et dit :

— Si quelqu’un de capable et d’intelligent voyait cette misère, il n’aurait de cesse qu’il n’eût puni les renards.

— Mais il faut bien que les renards vivent eux aussi, dit Nils.

— Oui, répliqua le bélier, ceux qui ne tuent que pour leur subsistance ont le droit de vivre. Mais ceux-ci sont des brigands. Ils ont mérité la mort.

— Oh ! père, vous ne pensez pourtant pas qu’un gamin comme moi pourrait en venir à bout, quand ni vous ni les paysans n’avez pu réussir ?

— Celui qui est petit et rusé peut faire bien des choses, répondit le bélier.

Ils n’en parlèrent plus ; Nils alla s’asseoir auprès