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le merveilleux voyage de nils holgersson

énorme rocher. On aurait dit une grande maison aux murs droits et au toit plat. Le bélier monta d’abord sur le toit pour faire voir à Nils les bons pâturages qu’on y trouvait ; Nils dut reconnaître que l’île semblait créée exprès pour les moutons. Il n’y poussait que de la coquioule et quelques-unes de ces petites plantes aromatiques que les moutons affectionnent.

Mais il y avait bien d’autres choses à regarder. D’abord on voyait toute la mer bleue et ensoleillée, qui roulait vers l’île de longues houles unies et lisses. Çà et là seulement, rencontrant un promontoire, elle se brisait et jaillissait en écume. Droit à l’est on distinguait l’île de Gottland avec une bande de côte unie et au sud-ouest la Grande île Karl construite comme la Petite île. Le bélier alla jusqu’au bord du plateau pour que Nils pût voir les parois de la montagne, couvertes de nids, et la mer, au pied de la falaise, où une foule d’oiseaux, macreuses, eiders, cormorans, guillemots, pingouins, paisiblement et en bonne entente étaient occupés à pêcher le hareng.

— C’est la terre promise, dit le gamin. Vous êtes joliment bien logés, les moutons.

— Mais oui, c’est très beau ici. Seulement, en te promenant seul, fais bien attention à ne pas tomber dans une de ces crevasses qui traversent le plateau, répondit le bélier en soupirant. Il semblait d’abord vouloir ajouter quelque chose, mais il se tut. C’était un avertissement utile, car les crevasses étaient nombreuses et profondes. La plus grande s’appelait le Trou de l’Enfer. Elle était profonde de plusieurs toises et large de près d’une toise.

— Quelqu’un qui tomberait là s’y tuerait, dit le bélier.