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à travers la suède

— Mais si tu admets que le plateau et les hauteurs sont formés par le corps du papillon, tu as le droit de demander d’où est venue la terre qui s’étend en bas tout autour.

— J’allais te le demander.

— Eh bien ! rappelle-toi que l’île a séjourné dans la mer pendant un grand nombre d’années, et pendant ce temps toutes ces choses que la mer roule, le varech, et le sable, et les coquilles, se sont amassées là. Et puis, des deux côtés du plateau, il y a eu des éboulements de pierres et de terre. C’est ainsi que l’île a eu des côtes larges où le blé et les fleurs et les arbres peuvent pousser.

Ici, en haut, sur le dos du papillon, on ne trouve que des brebis et des vaches et de tout petits chevaux, ici ne demeurent que des vanneaux et des pluviers ; et il n’y a pas d’autres constructions que les moulins à vent et les pauvres cabanes de pierre où nous autres, bergers, nous abritons. Mais sur les rives, il y a de gros villages de paysans et des églises et des presbytères, des hameaux de pêcheurs et toute une ville.

Il s’arrêta et regarda l’autre. Celui-ci avait fini son repas et était occupé à resserrer son sac à provisions. « Je voudrais savoir, commença-t-il enfin, à quoi tu veux en venir ? »

— Ah, voici, dit le berger en baissant la voix ; il chuchotait presque, et ses petits yeux, fatigués à force d’épier tout ce qui n’existe pas, plongeaient dans le brouillard ; voici ce que je voudrais savoir : les paysans qui habitent les cours fermées là-bas sous le plateau, et les pêcheurs qui prennent le hareng dans la mer, et les marchands de Borgholm, les baigneurs qui viennent tous les étés, et les voya-