pierres et se sauva. Il lui semblait qu’il avait tué un être humain.
Le lendemain matin, il faisait beau temps. Le brouillard avait disparu ; Akka donna l’ordre de continuer le voyage. Seul le jars blanc fit des objections. Nils comprenait très bien qu’il ne voulait pas quitter la petite oie grise. Mais Akka n’y fit point attention, et l’on se mit en route.
Nils sauta sur le dos du jars, et celui-ci suivit la bande, bien que lentement et à contre-cœur. Nils était heureux de quitter l’île. Il avait sur la conscience la mort de la petite oie et n’avait pu se décider à confier au jars la malheureuse issue de son intervention. Aussi bien valait-il mieux sans doute que Martin le jars n’en sût jamais rien, songeait-il. En même temps il s’étonnait que le grand blanc eût pu quitter l’oie grise.
Soudain, le jars tourna bride. La pensée de la petite oie ne lui laissait pas de repos. Tant pis pour le voyage en Laponie.
En quelques coups d’ailes il atteignit le tas de pierres. Mais point de petite oie !
— Finduvet ! Finduvet ! où es-tu ? cria le jars.
« Le renard l’aura prise », pensa Nils. Mais à ce moment il entendit une petite voix qui répondait :
— Je suis ici, jars ; je suis ici. Je viens de prendre un bain matinal.
Et la petite oie grise sortit de l’eau, saine et sauve. Elle raconta que Poucet lui avait remis l’aile en place, et qu’elle était guérie et prête à suivre les autres.
Les gouttes d’eau faisaient comme un ruissellement de perles sur son plumage chatoyant, et de nouveau Nils se dit que c’était une vraie petite princesse.