le grand papillon tomba parmi les vagues ; son corps ensablé, pétrifié devint l’arête rocheuse d’Œland. Avec quelle dramatique simplicité cette aventure ne se déroule-t-elle pas aux yeux du petit camarade ! « Et je voudrais savoir… si les paysans qui habitent les fermes bien closes de la côte, les pêcheurs qui pêchent le strömming dans la mer, les marchands de Borgholm ou les baigneurs qui arrivent ici chaque été, ou les voyageurs qui parcourent les ruines du château de Borgholm, ou les chasseurs qui viennent à l’automne chasser les perdrix, ou les peintres qui s’installent sur l’Alvar pour peindre les brebis et les moulins, je voudrais savoir si l’un d’entre eux a compris que cette île a été un papillon qui a volé çà et là avec ses grandes ailes rayonnantes. — Oh ! oui, répondit soudain le jeune pâtre, cela a dû venir à l’idée de l’un d’entre eux qui se sera assis un soir au bord de la falaise pour écouter le rossignol chanter à ses pieds dans les prairies, et pour regarder le détroit de Kalmar, cela lui sera venu à l’esprit que cette île n’a pas pu naître comme les autres… » Et pourquoi, pourquoi le vieux berger a-t-il toujours éprouvé sur la crête de l’Alvar cette poignante et confuse impression de langueur qu’exprime cet usuel et intraduisible mot de længtan ? « Je l’ai éprouvée tous les jours de ma vie, et je pense qu’elle étreint la poitrine de quiconque va là-haut. Je voudrais savoir si quelqu’un a compris que cette langueur vient de ce que toute l’île est un papillon, qui aspire après ses ailes. »
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préface