tas de pierres tout contre le mur. Il s’approcha doucement, et tout à coup aperçut le jars qui grimpait péniblement sur les pierres, portant dans son bec quelques longues fibres de racines. Le jars ne vit pas le gamin, et celui-ci de son côté ne l’appela pas, car il voulait savoir pourquoi le jars disparaissait ainsi coup sur coup.
Il en connut bientôt la raison. Tout en haut du tas de pierres reposait une jeune oie grise qui cria de joie à la vue du jars. Nils se glissa plus près pour pouvoir entendre ce qu’ils disaient, et apprit que l’oie grise avait une aile blessée, qui l’empêchait de voler. Sa bande l’avait abandonnée, et sans le jars blanc, qui la veille avait entendu ses cris et l’avait secourue, elle serait morte de faim. Le jars avait continué de lui porter à manger. Tous les deux espéraient qu’elle serait guérie avant le départ du jars, mais elle ne pouvait encore ni voler ni marcher. Elle se désolait, le jars la réconfortait en disant qu’il ne partirait pas encore. Enfin, il lui dit bonsoir, promettant de revenir le lendemain.
Nils laissa partir le jars, et, dès que celui-ci fut hors de vue, il grimpa à son tour sur le tas de pierres. Il était furieux d’avoir été trompé, et comptait dire à cette petite oie grise que le jars était son bien à lui. Le jars devait mener Nils en Laponie ; il ne pouvait être question de le laisser rester en arrière à cause d’elle. Mais en voyant la petite oie grise de près, il comprit pourquoi le jars lui avait porté à manger pendant deux jours, et pourquoi il n’avait rien voulu dire. Elle avait la plus belle petite tête ; sa robe de plume était comme la soie la plus souple, et ses yeux étaient doux et suppliants.
Quand elle aperçut le gamin, elle voulut se sau-