fois l’un d’eux nageait vers une oie ou un plongeon et lui disait quelques mots ; l’autre semblait à peine oser lever le bec pour répondre.
Mais il y avait un catmarin, un petit diable noir, que toute cette solennité étouffait. Il plongea tout à coup et disparut sous l’eau. Bientôt après, l’un des cygnes poussa un cri, et se sauva, en nageant si vite que l’eau écumait autour de lui. Puis il s’arrêta et reprit son air majestueux. Mais bientôt un autre cria comme le premier, et puis un troisième.
Malheureusement le catmarin ne pouvait rester plus longtemps sous l’eau ; il réapparut, petit, noir, plein de malice. Les cygnes se précipitèrent contre lui, mais voyant à quel petit oiseau ils avaient affaire, ils s’arrêtèrent net, comme s’ils jugeaient indigne d’eux de s’en occuper. Alors le catmarin plongea de nouveau et se remit à leur pincer les pattes. Cela faisait sans doute mal aux cygnes, mais le pis est qu’ils ne pouvaient garder leur dignité. Tout à coup ils prirent une résolution. Ils se mirent à fouetter l’air de leurs ailes avec un grand bruit, s’élancèrent en avant, comme courant sur l’eau, eurent enfin assez d’air sous les ailes, et s’élevèrent.
Les cygnes partis, on les regretta beaucoup ; ceux qui avaient ri des tours du catmarin, le blâmaient maintenant de son insolence.
Le gamin retourna vers la terre. Il se mit à regarder le jeu des bécasseaux. Ils ressemblaient à des grues minuscules : comme les grues, ils avaient un petit corps, de hautes pattes, de longs cous, et des mouvements légers et flottants ; mais ils n’étaient pas gris, ils étaient bruns. Ils étaient alignés sur un rang au bord de la plage que les vagues léchaient et lavaient. Dès qu’une vague déferlait, tout le rang