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à travers la suède

étaient en tête répondaient : « Nous volons droit sur Œland, droit sur Œland. »

Les canards étaient las ; les plongeons les dépassèrent. « Ne vous pressez pas tant, criaient les canards. Vous allez tout manger. — Il y en aura assez pour vous et pour nous », répondaient les plongeons.

Ils n’étaient point encore en vue de l’île ; ils rencontrèrent une brise légère, chargée de masses compactes de fumée blanche, comme s’il y avait eu un incendie quelque part.

Lorsque les oiseaux virent les premiers tourbillons blancs, ils s’inquiétèrent et accélérèrent leur vol. Mais les volutes de fumée se déroulaient toujours plus denses et finirent par les entourer. On ne sentait aucune odeur, et la fumée n’était point noire ni sèche, mais blanche et humide. Nils comprit tout à coup que ce ne pouvait être que du brouillard.

Lorsque le brouillard fut devenu si épais qu’on ne pouvait rien distinguer à une longueur d’oie devant soi, les oiseaux s’affolèrent. Ils avaient jusque-là volé avec beaucoup d’ordre ; maintenant ils commençaient à jouer dans le brouillard. Ils volaient dans tous les sens pour s’égarer les uns les autres. « Prenez garde ! criaient-ils. Vous tournez en rond. Rebroussez chemin ! Vous n’arriverez jamais à Œland. »

Tous savaient très bien où se trouvait l’île, mais ils faisaient leur possible pour se faire perdre mutuellement la tête. « Regardez donc ces fuligules ! criait une voix dans le brouillard. Ils retournent vers la mer du Nord. — Prenez garde, oies grises, criait une autre voix. Si vous continuez dans cette direction, vous arriverez à l’île de Rügen. »