le ventre en l’air. D’ailleurs qu’est-ce qui était haut et qu’est-ce qui était bas ? Il n’en savait plus rien.
Les oiseaux étaient fatigués et impatients d’arriver. Aucun ne criait ni ne plaisantait ; ce silence contribuait à rendre tout étrangement irréel. « Peut-être avons-nous quitté la terre ! pensa Nils. Nous allons peut-être au ciel. »
Au même moment il entendit deux coups de fusil et vit deux petites colonnes de fumée qui montaient.
Il y eut de l’effroi et de l’agitation parmi les oiseaux. « Des tireurs ! Des tireurs ! Des tireurs en bateau ! criaient-ils. Volez plus haut ! Plus haut ! »
Nils s’aperçut alors qu’on voyageait toujours au-dessus de la mer et qu’on n’était point dans le ciel. Sur l’eau flottaient, en une longue file, de petits bateaux remplis de chasseurs qui tiraient coups sur coups. Les premières bandes d’oiseaux ne les avaient pas aperçus à temps, et avaient volé trop bas. Plusieurs corps sombres s’abattirent ; à chaque oiseau qui tombait les survivants poussaient des cris aigus.
Rien d’étrange pour celui qui un instant s’était cru dans le ciel comme cet effroi et ces gémissements. Akka s’éleva rapidement, et la bande la suivit aussi vite que possible. Les oies sauvages échappèrent au danger, mais Nils n’en revenait pas. Comment ? Il y avait des gens qui tiraient sur des êtres comme Akka et Yksi et Kaksi et le jars et leurs compagnons ? Les hommes ne savent donc pas ce qu’ils font !
Les rangs s’étaient resserrés, et le voyage à travers l’air immobile continua. Le silence était revenu ; de temps à autre un oiseau épuisé de fatigue criait : « Sommes-nous bientôt arrivés ? Êtes-vous sûrs que nous sommes dans le bon chemin ? » Alors ceux qui