de le suivre. Dès qu’elles furent rassasiées, elles se mirent en route pour Œland. Aucune d’elles n’y avait encore été, mais l’oie grise leur avait donné de bons points de repère. Elles n’avaient qu’à aller droit vers le sud jusqu’à ce qu’elles rencontrassent la grande route des oiseaux de passage, au large, le long de la côte du Blekinge. Tous les oiseaux qui ont leur séjour d’hiver sur la mer de l’Ouest, et qui au printemps vont en Finlande ou en Russie, suivent cette route ; en passant ils font escale à Œland pour se reposer. Les oies sauvages ne manqueraient pas de guides.
C’était une journée calme et chaude comme un jour d’été, un temps idéal pour un voyage en mer, sauf que le ciel n’était pas tout à fait clair, mais gris et un peu voilé. Çà et là des amas de nuages descendaient vers la surface de l’eau et arrêtaient la vue.
Lorsque les voyageuses eurent laissé derrière elles l’archipel, la mer s’étendit, si jolie et si miroitante que Nils, regardant en bas, crut que la terre avait disparu. Il n’y avait plus que les nuages et le ciel autour de lui. Il se sentit pris de vertige, et s’accrocha au dos du jars plus éperdument que le premier jour.
Ce fut pis encore lorsqu’ils eurent atteint la grande voie dont l’oie grise avait parlé. Des bandes se suivaient, volant toutes dans la même direction. Elles semblaient suivre un chemin tracé. C’étaient des canards et des oies grises, des macreuses et des guillemots, des plongeons et des fuligules, des cormorans et des grèbes, des pies de mer et des grisettes. Quand Nils se pencha en avant, il vit toute la file d’oiseaux reflétée par l’eau. La tête lui tourna : on aurait dit que toutes ces bandes d’oiseaux volaient