qui avait fondé la ville. C’était tout simplement au roi Charles XI qu’il avait eu affaire.
— Vous vous expliquez bien, dit l’homme de bronze. Pouvez-vous me dire encore si vous avez vu un petit gamin qui court partout dans la ville cette nuit ? C’est un petit coquin et un impertinent ; si seulement je l’attrape, je lui apprendrai à être insolent.
— Sauf votre respect, Majesté, je l’ai vu, dit l’homme de bois.
À cette réponse le gamin qui s’était blotti sous le chapeau et regardait le roi par une fente de bois, eut si peur qu’il commença à trembler. Mais il se calma lorsque l’homme de bois poursuivit :
— Votre Majesté suit une mauvaise piste. Le gamin semblait avoir l’intention de se réfugier dans le chantier pour s’y cacher.
— Vous croyez, Rosenbom ? Eh bien, ne restez donc pas là immobile sur votre tabouret, mais suivez-moi, et aidez-moi à le retrouver ! Quatre yeux voient mieux que deux, Rosenbom.
Mais l’homme de bois répondit d’une voix geignarde : « Je prie humblement Votre Majesté de me laisser où je suis. J’ai l’air frais et reluisant à cause de la peinture, mais je suis vieux et pourri, et ne supporterais pas un effort ».
L’homme de bronze ne semblait pas être de ceux qui supportent la contradiction.
— Qu’est-ce que ces histoires ? Venez tout de suite, Rosenbom ! » Le roi leva son bâton et en donna à l’autre un coup retentissant sur l’épaule : « Vous voyez que vous tenez encore, Rosenbom ».
Là-dessus ils se mirent en route. Grands et puissants, ils traversèrent les rues de Karlskrona, et atteignirent enfin une lourde porte qui menait au chantier.