s’y déploie sans crainte ni scrupules. La multiplicité des aventures, des scènes et des situations répond à la diversité des personnages, des lieux, des descriptions, et enfin des légendes recueillies et plus souvent imaginées par l’auteur. La Suède, est là tout entière — la Suède, ses provinces, ses lacs tranquilles, ses archipels, ses neiges et ses étés radieux, sa flore, sa faune, ses forêts, ses bourgades et ses villes ; un parfum émane de ces pages, agreste et pénétrant, senteur humide et résineuse traversée d’effluves marins… Selma Lagerlöf nous révèle l’âme de son pays, cette âme lyrique et close, timide et hardie, vibrante de rêves démesurés, et qui ne reprend son équilibre qu’en face de la nature, et trouve son expression la plus émouvante dans l’intimité des forêts, des rocs moussus et des grandes eaux limpides.
L’admirable est que cet exemple nous soit donné par la nation la plus férue de science que l’on puisse imaginer. Certes, que les romanciers et les poètes aient licence d’enseigner la géographie et l’histoire dans la patrie des Nordenskjöld, des E.-W. Dahlgren, et des Hjärne, en cette Suède qui révère à l’égal d’une religion la discipline upsalienne, cela mérite considération ; insistons-y puisqu’aussi bien notre école semble redouter les contes et la poésie, et ne connaît plus guère que des programmes étroitement rationalistes.
L’école suédoise, si stricte, si méthodique, et qui depuis longtemps ne laisse subsister en Suède aucun illettré, ouvre toute grande sa porte à la