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le merveilleux voyage de nils holgersson

inquiets lorsqu’ils viennent dans une ville où les maisons se dressent toutes droites et où les rues sont ouvertes et n’offrent point d’abri. Aussi Nils souhaita-t-il bientôt d’être de nouveau là-haut sur la tour avec les oies. Heureusement il n’y avait pas un être vivant sur la place ; seul un homme de bronze se dressait sur un socle élevé. C’était un grand homme vigoureux, vêtu d’un chapeau tricorne, d’une longue redingote, de culottes courtes et de gros souliers. Il tenait à la main un bâton et avait bien l’air de savoir s’en servir au besoin, car il avait un visage terriblement sévère avec un grand nez courbé et une bouche très laide.

« Qu’est-ce qu’il fait ici, celui-là, avec sa grosse lèvre pendante ? » dit enfin le gamin. Jamais il ne s’était senti plus petit et plus misérable que ce soir. Il essaya de se donner du courage en faisant le fanfaron. Puis il ne pensa plus à la statue, et s’engagea dans une large rue qui descendait vers l’eau.

Il n’avait fait que quelques pas lorsqu’il entendit quelqu’un marcher derrière lui. Des pieds lourds martelaient le pavé et un bâton frappait le sol. On eût dit que l’homme de bronze lui-même s’était mis en route.

Nils épia les pas et se sauva en courant ; il eut bientôt la certitude que c’était l’homme de bronze. La terre tremblait et les maisons en étaient secouées. Lui seul pouvait marcher aussi lourdement, et Nils eut peur de son mot de tout à l’heure. Il n’osa tourner la tête.

« Il se promène peut-être pour son plaisir, pensa-t-il. Il ne pourra m’en vouloir de ce que j’ai dit. C’était sans mauvaise intention. »

Au lieu de continuer tout droit, Nils prit une rue