milieu de toute cette blancheur, les nombreuses îles devant la côte semblaient noires.
Nils s’était promis d’être brave cette nuit-là, mais tout à coup il aperçut quelque chose qui l’effraya terriblement. C’était une haute île rocheuse, couverte d’énormes blocs carrés entre lesquels il y avait un semis de petits grains d’or. Il pensa tout de suite à la pierre de Magle à Trolle-Ljungby, que les trolls hissent quelquefois la nuit sur de hautes colonnes d’or. Ce devait être quelque chose du même genre. Mais ce qui l’effraya plus encore, ce fut de voir une foule de choses inquiétantes dans l’eau qui entourait l’île. On eût dit des baleines et des requins ou d’autres monstres marins, mais le gamin comprenait que c’était les trolls de la mer qui s’étaient réunis pour monter à l’assaut de l’île. En effet, au sommet de l’île, un géant debout tendait désespérément vers le ciel ses deux bras.
Nils fut encore plus effrayé lorsqu’il s’aperçut que les oies commençaient à descendre. « Non, non, pas là ! Ne descendons pas là, » cria-t-il.
Mais les oies ne firent pas attention à ses cris, et bientôt le gamin fut tout surpris et honteux d’avoir pu se tromper de cette façon. Les gros blocs de pierre n’étaient que des maisons ; les points d’or brillants étaient des réverbères et des fenêtres éclairées. Le géant qui tendait les bras était une église aux tours carrées, et les monstres et les trolls de la mer étaient des navires et des bateaux de toutes espèces ancrés et amarrés autour de l’île. Du côté de la terre, c’étaient surtout des barques à rames, des cutters à voile, des chaloupes à vapeur pour la navigation côtière, mais de l’autre côté, il y avait des vaisseaux de guerre cuirassés, les uns larges