c’est un conte, en effet, que Selma Lagerlöf, romancière illustre, entreprit d’écrire lorsque ses compatriotes lui demandèrent un « livre de lecture ». On souhaitait une œuvre qui révélât aux petits Suédois la beauté de leur pays. Selma Lagerlöf écrivit un conte. Le bon Perrault et Mme d’Aulnoy eussent approuvé cette pédagogie ; l’immense succès du livre prouve qu’elle n’est point surannée et que certaines chimères demeurent toujours le meilleur guide des intelligences puériles vers la poésie… et la réalité.
Selma Lagerlöf écrivit un conte, un vrai conte de fées, où les fées elles-mêmes n’apparaissent guère, mais où leur pouvoir surnaturel est dévolu aux tomtes, aux lutins, à ces génies familiers du foyer scandinave, hanté depuis l’origine des temps par les « Invisibles » et les nains minuscules et bienfaisants du « petit peuple ». Selma Lagerlöf écrivit un vrai conte, et tous les enfants de toutes les écoles du nord ne se lassent pas de l’en remercier ; par delà la fiction le grand public aperçut un sentiment profond et beaucoup de vérité ; même accueil en Allemagne, en Angleterre, en Amérique ; Nils Holgersson est en train de conquérir le monde comme naguère les héros fameux d’Andersen.
Un conte qui aurait les proportions d’une vaste épopée — et qui d’ailleurs doit à certaines nonchalances du récit, à certaines répétitions, à je ne sais quelle ampleur sereine et poétique, comme des allures épiques — voilà donc ce livre. Il est d’une étonnante variété. La fantaisie de Selma Lagerlöf