« Si j’osais aller chez les hommes pour cette seule nuit ! pensait-il ; seulement pour m’asseoir un instant auprès du feu, et manger un morceau ! Je pourrais bien être de retour auprès des oies avant le lever du soleil. »
Il se dégagea de l’aile, et glissa sur le sol. Il n’éveilla ni le jars ni personne et se faufila en silence hors du marécage. Il ignorait absolument où il se trouvait, s’il était en Scanie, en Smâland ou en Blekinge. Au moment de sortir du marécage il aperçut un gros bourg vers lequel il dirigea ses pas. Bientôt il trouva un chemin et arriva à une longue rue plantée d’arbres et bordée de maisons serrées les unes contre les autres. Les maisons étaient de bois et construites avec élégance ; la plupart avaient des pignons et des frontons bordés de linteaux sculptés, et des vérandas à verres de couleurs ; les murs étaient peints à l’huile en couleur claire, les cadres des portes et des fenêtres étaient bleus et verts ou encore rouges. Tout en marchant et en considérant les maisons, Nils entendait de la rue les gens bavarder et rire dans les maisons bien chaudes. Il ne distinguait pas les paroles, mais pensa qu’il était bon d’entendre des voix humaines. « Je me demande ce qu’ils diraient si je frappais et priais qu’on me laissât entrer. »
C’était bien ce qu’il avait eu l’intention de faire, mais la frayeur des ténèbres s’était dissipée depuis qu’il voyait des fenêtres éclairées. Il éprouvait maintenant cette timidité qui lui venait toujours dans le voisinage des hommes, et se contenta de murmurer : « Je vais encore me promener un peu dans le village avant de demander à entrer chez quelqu’un. »
Une maison avait un balcon. Comme Nils passait,