bent tellement dans leurs chants qu’ils ne voient ni n’entendent rien.
Leur concours était à peine achevé que les cerfs de Häckeberga avancèrent à leur tour ; plusieurs couples de grands cerfs luttaient à la fois. Ils se jetaient l’un contre l’autre avec une grande force, entre-choquaient avec éclat leurs bois dont les andouillers s’enchevêtraient, et essayaient ainsi de se faire reculer l’un l’autre. Ils déchiraient de leurs sabots les tertres de bruyère ; leur haleine formait comme une fumée autour d’eux, des cris rauques sortaient de leur gorge et l’écume coulait le long de leurs épaules.
Tout autour sur les collines régnait un silence haletant ; les animaux étaient remués de sentiments nouveaux. Tous se sentaient courageux et forts, animés d’une vigueur renaissante, ravivés par le printemps, alertes et prêts à toutes les aventures. Ils n’éprouvaient point de colère les uns envers les autres ; néanmoins les ailes et les plumes des cous se redressaient, les griffes s’aiguisaient. Si les cerfs avaient continué encore longtemps, la lutte aurait éclaté partout sur les collines, car tous étaient saisis du désir de montrer qu’ils étaient pleins de vie, que l’impuissance de l’hiver était vaincue, que la force bouillonnait dans leurs corps.
Mais les cerfs cessèrent leurs combats, et un murmure se propagea de colline en colline : « Les grues arrivent. »
Ils arrivaient en effet, les oiseaux gris, vêtus de crépuscule, aux ailes ornées de longues plumes flottantes, une aigrette rouge sur la nuque. Les grands oiseaux aux longues pattes, aux fins cous déliés, aux petites têtes, descendirent la pente comme en glis-