danse leur semblait aussi morne et dénuée de sens que le jeu des tempêtes d’hiver avec les flocons de neige. Elle attrista tout le monde, on attendait impatiemment quelque chose de plus gai.
On n’attendit pas longtemps ; à peine les corneilles avaient-elles fini que les lièvres se précipitaient. Ils s’élancèrent en une longue file sans beaucoup d’ordre, tantôt isolés, tantôt trois ou quatre de front. Tous se dressaient sur leurs pattes de derrière, puis ils couraient si vite que leurs longues oreilles tournoyaient de tous côtés. Sans cesser de courir, ils tourbillonnaient sur eux-mêmes, bondissaient et se frappaient de leurs pattes de devant la poitrine pour la faire résonner. Quelques-uns firent des séries de culbutes, d’autres se plièrent en deux et roulèrent comme des roues ; on en voyait qui se tenaient sur une patte et tournaient en rond, d’autres marchaient sur leurs pattes de devant. Tout cela sans ordre, mais il y avait beaucoup de gaieté dans la danse des lièvres, et les animaux qui les regardaient, commencèrent à respirer plus vite. C’était le printemps ; la joie et les plaisirs allaient revenir. L’hiver était fini. L’été approchait. Bientôt ce ne serait qu’un jeu de vivre.
Lorsque les lièvres eurent fini leurs ébats, ce fut aux grands oiseaux des bois de montrer leur adresse. Une centaine de coqs de bruyères à la robe noire miroitante et aux sourcils écarlates se posèrent sur un grand chêne au milieu de la place. Celui qui s’était posé sur la branche supérieure, hérissa ses plumes, abaissa ses ailes et déploya sa queue en éventail, de façon à laisser voir ses tectrices blanches. Puis il tendit le cou, et lança quelques notes profondes de sa gorge gonflée : « Tiœc, tiœc, tiœc. » C’est