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caché quelque part dans les ténèbres… Je ne l’aperçois plus… Si ! Le voilà, derrière le capitaine Kristoffer. Il se penche sur le feu, il y jette quelque chose… Attention, là-bas, attention !

Il n’avait pas achevé ces mots qu’une gerbe de flammes jaillit du fourneau et couvrit les Cavaliers de scories et d’étincelles. Cependant personne n’en fut endommagé.

— Il veut se venger sur nous, murmura Lœvenborg. Ne l’entendez-vous pas maintenant ricaner là-bas, dans l’ombre… Gare ! Il va détacher le martinet !

Il bondit sur ses pieds et entraîna l’oncle Eberhard. L’instant d’après, la lourde masse du martinet tomba avec fracas sur l’enclume. Ce n’était qu’un crampon qui avait lâché prise ; mais Eberhard et Lœvenborg avaient senti le souffle de la mort.

— Vous voyez qu’il n’a plus aucun pouvoir sur nous ! s’écria Lœvenborg d’un ton de triomphe.

Puis il appela Gösta Berling.

— Tu devrais monter dans l’appartement des femmes, Gösta. Peut-être y apparaîtra-t-il aussi, et elles pourraient s’en effrayer.

On apprit dans la suite que Lœvenborg avait eu raison, quand il disait que Sintram était mort la nuit de Noël. D’aucuns prétendaient qu’il s’était pendu. D’autres affirmaient qu’un voyageur sombre était venu le chercher dans une voiture noire attelée de chevaux noirs. Lœvenborg ne fut pas le seul à le voir durant cette nuit. Il se montra à plusieurs de ses serviteurs de Fors et dans les rêves d’Ulrika Dillner.

Au moment où Gösta Berling quittait la forge, un messager inconnu apportait au manoir un message pour la Commandante.