bientôt rétablie — La comtesse savait-elle que son mariage avait été rompu ? Oui, elle le savait, depuis la veille.
Gösta Berling tremblait d’impatience. Que pouvait-elle lui vouloir ?
Il songeait à sa vie d’été sur les rives du Leuven. Les jours s’étaient dissipés en plaisanteries et en fêtes ; et, pendant ce temps-là, l’infortunée avait travaillé et souffert. Ah, pourquoi ne lui était-il pas permis de se présenter devant elle comme un homme meilleur et plus digne ?
Vers huit heures du soir, il arriva. On l’introduisit auprès de la jeune femme. La pièce était si obscure qu’il put à peine la distinguer.
— Chère comtesse Élisabeth, balbutia-t-il.
Elle lui tendit sa main redevenue fine et diaphane. Et, durant quelques instants, elle lutta, elle aussi, contre l’émotion.
— Gösta, dit-elle enfin doucement, Gösta, voulez-vous m’aider comme vous me l’avez promis ? Vous savez que mon mari m’a abandonnée et que mon enfant n’a pas de père ?
— Oui, comtesse ; mais on doit sûrement pouvoir changer cela. Maintenant qu’il y a un enfant, le comte, j’en suis convaincu, sera forcé de légaliser son mariage. Comptez sur moi, comtesse : je m’y emploierai de tout cœur.
La jeune femme eut un vague sourire.
— Croyez-vous, dit-elle, que je veuille obliger le comte Dohna à me reprendre pour femme ?
Le sang monta au visage de Gösta Berling. Que désirait-elle donc ?
— Venez plus près, Gösta, dit-elle en lui tendant de nouveau la main. Ne vous fâchez pas. Je pensais que vous qui êtes…
— Un prêtre défroqué, un ivrogne, un Cavalier, le meurtrier d’Ebba Dohna, fit-il amèrement…
Mais la comtesse l’interrompit.