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INTRODUCTION


I
LE PASTEUR

Enfin, voilà le pasteur en chaire… Les paroissiens relevèrent la tête. Ah, ah, le voilà pourtant ! Il y aurait donc un service aujourd’hui : ce ne serait pas comme dimanche dernier, et comme tant d’autres dimanches !

Le pasteur était jeune, grand, élancé. Il avait les yeux profonds d’un poète, le menton décidé d’un homme de guerre. Tout en lui était d’une singulière beauté et comme embrasé de vie intérieure.

Le peuple se sentit étrangement subjugué. Les gens étaient plus accoutumés à le voir sortir du cabaret en titubant, entouré de gais camarades, tels que Bérencreutz, le colonel aux épaisses moustaches blanches, et le fort capitaine Christian Bergh. Il avait tant bu que, depuis des semaines, il n’avait pu remplir ses fonctions et que la paroisse s’était plainte, d’abord auprès de son curé, puis auprès de l’Évêque et du Chapitre. Et l’Évêque était venu