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teux de son action irréfléchie ; mais la petite comtesse s’était agenouillée devant lui.

— Je vous les baiserai, vos mains, murmura-t-elle, quand elles ne seront plus endolories.

Et son cœur s’émerveillait qu’un homme put faire de telles choses. Et de ce moment le monde reprit pour elle toutes ses couleurs et toute sa clarté…

Quand, peu de jours après, la comtesse apprit que la Commandante avait été délivrée, elle amena son mari à offrir un dîner aux Cavaliers.

Avec ce dîner commença la longue amitié entre elle et Gösta Berling.

CHAPITRE X
CONTES FANTASTIQUES

Je n’ai rien pour vous, chers lecteurs, que des histoires vieilles et presque oubliées : des légendes que, dans la chambre où les petits étaient assis sur de bas tabourets, leur contaient des conteuses aux cheveux blancs ; — des récits qu’autour du feu de la cuisine les valets et les tenanciers se rapportaient, pendant que la vapeur montait de leurs vêtements trempés et qu’ils étendaient, avec leurs couteaux à gaine de cuir, leur beurre sur leur pain mou ; — des aventures d’autrefois que les vieux messieurs, assis sur leur chaise à bascule, évoquaient à la fumée des grogs chauds. Et l’enfant qui avait écouté la conteuse, et les tenanciers, et les vieux messieurs, s’ils s’approchaient en-