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ENQUÊTE OUVRIÈRE

SUR

La Crise de l’Apprentissage[1]

VIII

A. KEUFER

Ouvrier typographe.

Secrétaire de la Fédération du Livre.

Je réponds d’autant plus volontiers à cette Enquête, que je me suis occupé de cette question depuis plus de vingt ans et que j’en ai suivi toutes les phases ; c’est donc le résultat d’une expérience attentive, de longues observations que je communiquerai aux lecteurs du Mouvement Socialiste. Cela me permettra de rectifier, en passant, le jugement porté sur la corporation du Livre, précisément à propos de la manière par laquelle les membres syndiqués de notre corporation ont essayé de remédier aux abus commis envers les apprentis.


1. L’Industrie du Livre.


Depuis les débuts de son organisation, dès 1834, la typographie parisienne s’est préoccupée de la question si importante du recrutement du personnel, de la formation des apprentis, préoccupation très naturelle, justifiée, mais d’une importance infiniment moindre que celle acquise depuis 1870.

Jusqu’à cette dernière époque, l’imprimerie jouissait d’une protection abolie dans presque toutes les autres industries. Pour exercer la profession d’imprimeur, il fallait être en possession d’un brevet, il fallait donner des preuves, pour l’obtenir, de la capacité professionnelle et payer une certaine redevance. Ce dernier vestige des anciennes corporations permettait de limiter le nombre des patrons exploitant l’imprimerie, il était plus facile de régler les conditions de la production, de résister aux exigences de la clientèle,

  1. — Voir les numéros 197 et 198 du Mouvement Socialiste.