Page:Lagacé - Mon voyage autour du monde, 1921-22.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sortie d’un terrier ; le sol est tout percé de petits tunnels qui cèdent soudainement sous le poids du cheval, à tel point que, ne voulant pas risquer de les voir se briser les pattes, nous faisons à cet étrange royaume l’honneur de tourner bride sans aller plus avant.

18 juillet. — Depuis plusieurs jours nous allons ici et là, en suivant des sentiers durs, étroits, un peu sinueux. Ce sont, me dit papa, des routes que suivaient les bisons. Comme je lui demandais de me renseigner sur ces bêtes, il me dit que c’étaient des bœufs sauvages de grande taille, qui erraient jadis au gré des saisons. depuis le sud des États-Unis jusqu’à la rivière Saskatchewan.

De 1840 à 1880, ajouta M. Bernard, quelques semaines de chasse au bison, dans les prairies illimitées et pleines de graminées, suffisaient, avec un peu de pêche, pour procurer des provisions d’hiver. Vivant dans de si faciles conditions, les Indiens et même certains métis professaient une complète indifférence à l’égard de l’agriculture. La disparition de ce buffle, ajouta-t-il, est intimement liée à celle de la puissance des anciennes tribus sauvages, et fut pour elles le glas funèbre de leur liberté.