fait mirage. Là bas, à l’horizon, il y avait des îlots en étagère qui flottaient dans le ciel.
Sur la fin du deuxième jour, mon père déploya sur ses genoux une carte ancienne et nous parla de l’Île du Massacre. C’était au temps du grand La Verendrye. La 8 juin 1736, dit-il, un missionnaire jésuite, le R.P. Aulneau, qui avait passé l’hiver précédent au fort Saint-Charles, partit avec Pierre Gaultier Varennes de la Verendrye, fils aîné de l’explorateur, et dix-neuf « voyageurs » venus des bords du Saint-Laurent. L’expédition allait chercher des vivres au détroit de Michilimakinack. Le soir venu, on campa sur une île du lac des Bois, appelée à devenir tristement célèbre.
Les « Sioux des canots », comme on les appelait alors, nourrissaient au cœur une haine implacable contre ces « visages pâles » accompagnés d’un « homme de la prière », dont la présence menaçait de rendre vaine et impuissante la « médecine » des sauvages.
Ils se glissent comme des bêtes fauves jusqu’au campement des Français, ils fondent sur eux et les massacrent jusqu’au dernier. Si l’on en croit la tradition, au moment où le missionnaire fut frappé, un coup de tonnerre épouvan-