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cours des étourdis, des déshérités, et qu’ils favorisent leur relèvement. »

9 mai. — Nous voici à Jérusalem, qui est sans doute la ville la plus remarquable de monde chrétien. Détruite et reconstruite à maintes reprises, elle occupe la même colline, elle a le même horizon, la même physionomie qu’autrefois. Son centre est l’église du Saint-Sépulcre, détenue par les Turcs musulmans. Pendant la semaine sainte il y a ici une foule de pèlerins venus de pays fort éloignés. Ces voyageurs appartiennent les uns au rite oriental, les autres au rite romain et d’autres à la religion orthodoxe. Cet assemblage de peuples si divers ne se fait pas sans quelque désordre ; les altercations, les bagarres sont fréquentes dans les rues de la ville sainte ; et la soldatesque turque augmente par sa brutalité le tumulte, quand elle ne le provoque pas.

10 mai — Bethléem, un nom qui évoque de la joie, — mieux que de la joie, du bonheur. — pour toute âme chrétienne. Il y a une église sur le site de la grotte où naquit l’Enfant Jésus. Nous passons la nuit au couvent des bons Pères Lazaristes. Ils sont français, italiens et espagnols.

12 mai. — Nous voici à Jaffa, à bord d’un navire à voile, — à voile latine, c’est-à-dire triangulaire, plus large du haut que du bas. Notre équipage, qui n’est que de trois hommes, parle le syrien, le turc et une langue peu répandue, mais assez curieuse par son origine : c’est la langue franque, composée en grande partie de vieux français ; c’est un legs de l’époque des croisades. On sait que les peuples chrétiens d’Orient ont conservé beaucoup d’admiration pour la