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s’emparer de ces terres de fécondité, il a fallu anéantir la population indigène. Mais comme elle était plus intelligente que celles de l’Australie et de la Tasmanie elle n’a capitulé qu’après une lutte de plusieurs années. Aujourd’hui, ce qui reste de ces indigènes qui ne voulait pas céder leur pays de bonne grâce, vivent en parfaits mendiants : ils sont civilisés, disent leurs maîtres.

3 mars. — Nous revoici sous les feux de l’équateur, avec ses orages électriques et son ciel de plomb. Mes forces diminuent sensiblement. Mon père saisit l’occasion pour me faire comprendre combien les populations des régions tempérées éprouvent de difficultés lorsqu’elles vont vivre dans les contrées perpétuellement chaudes et humides, comme celles qui se trouvent dans la zone tropicale.

11 mars. — Pas une seule note dans mon carnet, pour marquer la monotonie des journées étouffantes que nous avons traversées. Rarement, il y avait à l’horizon des navires à voile, voyageant à la faveur des vents constants, et des navires à vapeur, des cargos qui n’ont pas d’itinéraires fixes, qui courent après le fret et qui, pour ces motifs, ont mérité d’être appelés des tramps.

15 mars. — Sur une plaine basse, marécageuse, couverte de bambous, voici la grande Calcutta populeuse, besogneuse, malsaine, sordide et que couronne déjà un panache de la fumée des usines. C’est le siège du gouvernement des Indes. Mais il sera transporté tôt ou tard dans une ville plus salubre et occupant une position plus centrale : Delhi.

J’allais bientôt le constater, toute ville d’Orient est bruyante, curieuse et pittoresque au suprême, pour nous, occidentaux. Sur les marchés, j’ai vu des singes qui volaient des noix, des fruits aux marchands impassibles ; aux portes des temples,