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autre spirale venait rejoindre la première. On eût dit que ce point de la mer était fortement aspiré vers le ciel orageux. C’est un « typhon », m’a dit M. Sévérin. Ce météore est redouté avec raison : en mer, il naufrage les petits navires ; sur la côte, il inonde les habitants, et à l’intérieur des terres, il va se perdre en déracinant les arbres, en dévastant les cultures, en arrachant les cases, les maisons, dont il tue parfois les occupants.

27 janvier. — Manille ! Cité peuplée de souvenirs sans nombre. Avant la venue des Européens, au 15e siècle, c’était déjà un port de mer fameux. Magellan, en train, pour la première fois, de boucler la terre, s’est arrêté ici, en 1514. Portugais, Espagnols et Anglais se sont tour à tour disputé la possession des îles Philippines, si riches en épices, en cultures industrielles. Longtemps possédée par les Espagnols, elles sont devenues colonies de la république des États-Unis, de 1898.

L’ardent et catholique Espagnol a laissé son empreinte sur le peuple philippin. Après avoir visité les campagnes et les villes de l’archipel, je puis dire que c’est un pays productif à un très haut degré, parce que la pluie et la chaleur y sont également considérables. Sur de grandes étendues, c’est encore la forêt épaisse, puissante ; aux essences variées, aux vertus précieuses. Si loin des côtes, une partie de la population des montagnes est restée sauvage et païenne, il y a déjà une autre partie considérable de la population qui vit à l’européenne, qui entrevoit l’avenir et veut travailler à le rendre digne d’elle-même.

2 février. — Demain, départ pour Sydney, dans la lointaine Australie.

Philéas LACHANCE.
(À suivre)