Page:Laforgue - Poésies complètes.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.
232
le concile féerique

— Mais, ces yeux, plus on va, se fardent de mystère !
— Eh bien, travaillez à les ramener sur terre !
— Ah ! la chasteté n’est en fleur qu’en souvenir !
— Mais ceux qui l’ont cueillie en renaissent martyrs !
Martyres mutuels ! de frère à sœur sans père !
Comment ne voit-on pas que c’est là notre Terre ?
Et qu’il n’y a que ça ! que le reste est impôts
Dont vous n’avez pas même à chercher l’à-propos !
Il faut répéter ces choses ! Il faut qu’on tette
Ces choses ! Jusqu’à ce que la Terre se mette,
Voyant enfin que tout vivote sans témoin,
À vivre aussi pour elle, et dans son petit coin !

LA DAME
La pauvre Terre elle est si bonne !…
LE MONSIEUR
Oh ! désormais, je m’y cramponne.
LA DAME
De tous nos bonheurs d’autochtones !
LE MONSIEUR
Tu te pâmes, moi je m’y vautre !
LE CHŒUR
Consolez-vous les uns les autres.