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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

montrent quotidiennement. Le cocher se tient debout ; au lieu de notre trompe à pédale, il a sous la main une cloche dont il abuse horriblement. On paye selon la distance qu’on doit parcourir et non selon un tarif uniforme : il y a pour cela un système de tickets que l’on contrôle. Pour stations, un poteau ; pas de numéros.

Les murs ne sont pas charbonnés d’obscénités ou de « vive ceci, vive cela ».

On ne lit pas dans la rue. On ne voit jamais des gens avec la serviette de cuir sous le bras.

Pas de noms de rue intéressants : c’est toujours la rue Augusta, la rue Guillaume, la rue Frédéric, les rues Charles et Charlotte, la rue Dorothée, les rues Moltke, Bismarck, Gœthe, Schiller, — aucun nom imagé, sauf Sous les Tilleuls.

Les cafés n’ont pas de terrasse sur le trottoir.

Discipline de la rue. — Un commis portant une hottée de cartons à chapeaux en pyramide est appréhendé par un sergent qui le force à quitter le trottoir.

Jamais vu de petit pâtissier blanc. Jamais vu un décrotteur. Pas de métiers ambulants, pas de cris dans la rue, ni revendeurs des halles, ni marchands d’habits, ni rempailleurs de chaises,