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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

coin d’avant-scène, immobile et hiératiquement parée. Les Berlinois, qui ne l’avaient pas vue depuis des années, et à qui, d’ailleurs, certain genre de beauté et de grandeur restera toujours fermé, passaient et repassaient devant leur souveraine oubliée, comme inquiets de cette apparition, osant à peine approcher et regarder.

Le public est plus habitué aux figures de la princesse impériale, des princesses Victoria, Charlotte, et de la princesse Guillaume. Il circule devant les loges royales et peut admirer de près. Le bal de l’Opéra est une des fort rares occasions où les princesses se parent de leurs diadèmes et de leurs diamants. Après une demi-heure de cette revue sur place, l’intendant général des théâtres royaux fait un signe. Un chœur, installé dans une galerie au-dessus de la scène, chante ce qu’on appelle la polonaise.

Précédée de ce même intendant devant qui le public se range en deux haies serrées, la cour descend, formée en cortège, et ouvre le bal