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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

pense.) J’aimais votre Burg parce qu’il était de vous et que tout de vous est intéressant si mal que ce puisse être ; ce Burg faisait de l’effet, la mer surtout était large ; mais pour mon humble goût je trouvais le tout trop sommairement plat, sans aucun travail de pointe, soit, mais aussi sans recherche de nuance et d’effets profonds dans ces teintes noires, plates. (Je vous expliquerai mieux la chose dans un mois à Paris, d’ailleurs en toute humilité.) Mais j’espérais que vous aviez aussi envoyé autre chose au Salon, non ?

Je comprends que Meissonier vous laisse froid, (ni âme, ni tempérament : un greffier puant le récépissé et le bois sec) et que Munkaczy vous horripile, un balayeur sans âme ni nerfs.

J’ai là le catalogue de Rafaëlli : les titres des tableaux sont fort intéressants, les dessins aussi, mais le texte n’atteint malheureusement pas encore son but. Mais c’est là un bon signal : l’annonce d’un temps où enfin les artistes se décideront à se raconter eux-mêmes, à s’expliquer la plume à la main et à chasser des journaux la clique des faux critiques d’art.

— Avez-vous vu dans la Gazette d’avril un petit dessin de Rafaëlli, un « Marché aux bœufs » ? C’est une merveille.