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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

n’ai pas manqué de citer en note votre eau-forte allégorique.

Je suis ici depuis un mois.

Mais avant de quitter Berlin, par un jour pluvieux qui donnait toute sa lamentable poésie à cette gare et ces voies ferrées de petits villages autour d’une capitale, j’ai été avec M. Bernstein voir vos peintures à Steglitz.

Bravo ! les changements de décor des portes, trumeaux, linteaux, corniches et cheminées (les gens qui verront ça !) Selig sind die Glaubigen, die nach der Farbe hungert und dürstet, ils seront rassasiés.

Je me suis permis d’en jouir. Le nouveau ? Tout le travail de petits tons minutieux pour nourrir les reflets de l’eau, ou le terrain à herbes au soleil.

J’avais peur que, comme il s’agissait de peintures murales, vous n’eussiez fait des teintes plates comme les autres. Vous avez fait des tableaux travaillés sans souci de l’architecture. J’aime beaucoup le tout. Quand j’accepte ainsi un tempérament d’enthousiasme, c’est que ce tempérament est uniquement original et quand quelqu’un est original (il y en a si peu) il faut l’accepter en bloc, sans réserves. Je préfère même vos nus de femmes à tous les meilleurs nus d’école. Que