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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

solide, savant, et curieux, mais je n’aime pas ce porcelainé lisse.

J’ai fait un assez long article de revue, une explication physiologique esthétique (?) de la formule impressionniste que M. Bernstein traduisait pour une revue. Je le lui ai remis hier.

Vous ai-je dit que dans ces vingt jours, enfermé, cloîtré dans ce château de Coblentz, j’avais infiniment pensé et travaillé ? J’ai relu les esthétiques diverses, Hegel, Schelling, Saisset, Lévêque, Taine — dans un état de cerveau inconnu depuis mes dix-huit ans à la bibl. nationale. Je me suis recueilli, et dans une nuit, de 10 du soir à 4 du matin, tel Jésus au Jardin des Oliviers, Saint Jean à Pathmos, Platon au cap Sunium, Bouddha sous le figuier de Gaza, j’ai écrit en dix pages les principes métaphysiques de l’Esthétique nouvelle, une esthétique qui s’accorde avec l’Inconscient de Hartmann, le transformisme de Darwin, les travaux de Helmholtz.

Ma méthode, ou plutôt ma divination est-elle enfantine, ou ai-je enfin la vérité sur cette éternelle question du Beau ? — On le verra. En tout cas, c’est très nouveau, ça touche aux problèmes derniers de la pensée humaine et ça n’est en désaccord ni avec la physiologie optique moderne, ni avec les