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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

de nous mépriser. Pour ma part, vous ne pourriez croire avec quelle conscience je m’y adonne. Non en lisant des livres et en fouillant les vieux Musées, mais en cherchant à voir clair dans la nature en regardant humainement, comme un homme préhistorique, l’eau du Rhin, les ciels, les prairies, les foules, et les rues, etc. J’ai plus étudié dans les rues, les appartements, les théâtres, etc., de Paris que dans ses bibliothèques. Si je n’étais pas persuadé que j’ai l’œil artiste et que je suis hostile à tous les préjugés artistiques, sincère et désireux d’instruire le public délicat, je n’écrirais point cela, croyez-le.

Vous allez à Paris, j’en suis bien heureux pour vous. Quel bien cela vous fera ! Tâchez de connaître Renouard, Lançon, Guérard (veuf de Mme Éva Gonzalés) et Chifflart aussi. J’ai un frère qui a quitté l’École des Beaux-Arts, il y a quatre ans, mais il n’est pas à Paris en ce moment. Vous arriverez trop tard pour voir le Salon, et, ce qui est plus irréparable, l’exposition de Sisley.

Vous verrez les beaux paysages de la Seine, Notre-Dame, au soleil couchant, etc.

Si vous arrivez avant la fin de la saison, allez aux cafés-concerts des Champs-Élysées, et du moins aux Folies-Bergère.

Vous verrez comme les habits noirs (les fracs)