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LETTRES 1883-1887

que nous irons en Égypte, au Caire, par Bourget qui pourrait me placer au consulat comme traducteur. Tu ne sais pas tout ce que Bourget a fait pour moi, c’est par lui que le Dr Robin me soigne et si particulièrement et gratis et me fournit de la pharmacie de son hôpital. C’est aussi par lui — mais il est si simple — que j’ai vécu à moitié tout ce mois, le reste me venant d’articles arriérés.

J’ai un livre qui, si je puis le publier assez tôt, nous permettra, en quittant Paris, d’aller vous voir. Leah aimerait bien te voir. Elle te plaira, moi elle m’étonne toujours. C’est un si drôle de personnage ! Inutile de te dire que j’ai tous les caprices — on me soigne toujours avec un bon sourire et de grands yeux.

Je ne t’ai parlé que de moi, et pourtant ta vie, ton ménage doit être seul un monde de préoccupations.

Remercie ton mari de sa bonne confiance. Pouvais-je prévoir les choses ? Ah ! si je pouvais travailler comme tout le monde ! mais l’opium de mes pilules me tient engourdi deux après-midi sur trois. Je voudrais bien savoir ce qu’est devenu Charles. — Ma chère Marie, je t’embrasse et te souhaite une douce délivrance et un garçon.

Jules.