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LETTRES 1883-1887

J’avais toujours mon rhume, vieux de trois mois. En rentrant à Paris, j’ai dû voir un médecin qui m’a embêté et dont je ne suis parvenu à me débarrasser qu’au bout d’une semaine — et je tousse encore tristement. Voilà pour mes doléances (qui sont en même temps l’excuse au retard de cette lettre). Quant à mes non-doléances, elles, elles sont absolues.

Nous avons une installation incomplète mais très amusante, des chambres avec du soleil, etc., de l’argent tout juste. Je porte des articles çà et là. (Il faut bien mille francs par mois pour être heureux modestement en ménage à Paris.) Nous en dépensons quinze par jour. Heureusement, le petit personnage que j’ai épousé est d’une vraie santé de maigre, toujours gaie et fantaisiste. Il est neuf heures. C’est l’heure où les amis qui veulent me voir et ont égard à ma difficulté de me déplacer moi-même en ces commencements viennent sonner. — Il ne viendra probablement personne.

Nous avons un bon feu, une belle lampe, du bon thé dans le service que l’Impératrice m’avait donné.

Et toi, comment vas-tu ? et la petite fille ?

Et les affaires de ton mari ? J’espère que tout va à peu près bien.