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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

Ce sera un samedi, je la raccompagnerai chez elle ; le lendemain dimanche, nous irons nous perdre dans un coin pendant une grande messe avec orgue à la Madeleine ou à Notre-Dame, nous nous figurerons que tout cet orgue sera pour nous. Cette émotion nécessaire adoucira ce qu’a de sec la simple formalité d’union devant le code, et nous nous sentirons bel et bien mariés pour la vie. Et alors nous partirons et elle sera ma petite Leah à moi pour la vie.

Je ne sais au juste l’âge qu’elle a, le même que toi, je pense. Comme il me tarde que tu la voies !

Je ne l’appelle pas par son prénom encore, je l’appelle toujours « petit personnage ». Elle ne s’ennuiera jamais avec moi, je me le promets bien.

Pour parler encore mariage, je vais assister en Belgique à celui d’Eugène Ysaye, ce violoniste dont je t’ai souvent parlé (ne pas confondre avec mon ami très intime son frère cadet, le pianiste Théophile Ysaye).

Ma chère Marie, écris-moi une bonne lettre de sœur, et dis-moi que tu es contente de moi.

Je reste toujours ton bon frère et le parrain de la demoiselle.

Écris-moi. Je t’ai donné mon adresse chez Ysaye, à Arlon, Belgique.