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LETTRES 1883-1887

tout parlé de toi. Elle adore la carrière que j’ai choisie et en a confiance en moi.

Je t’écris de cette éternelle chambre de Prinzessinen Palais où je ne reviendrai plus. J’ai sa photographie sous mes yeux en t’écrivant. Je la regarde, nous sommes restés ensemble hier au soir jusqu’à onze heures ; je lui ai tenu la main, je regarde son portrait et ne puis me figurer que c’est une réalité. J’irai la chercher ce soir, à cinq heures et demie, au sortir d’une de ses leçons. Et demain elle m’accompagnera à la gare.

Et le premier octobre je la retrouverai à Cologne, oh ! si nous pouvions nous marier en janvier, et aller vous surprendre ! J’oublie, par acquit de conscience, de te dire qu’elle n’a aucune espèce de dot, et que tout ce qu’elle aura désormais, elle le tiendra de moi seul. Elle est protestante, mais ne pratique pas. Il lui est indifférent d’aller à l’église ou de ne pas y aller. — Tu sais comment se font beaucoup de mariages anglais : on se prend par la main, on va avec quatre témoins chez le pasteur d’en face, on signe, et cela dispense même du mariage civil. Nous nous marierons simplement, elle en simple toilette ; nous donnerons rendez-vous à quatre témoins un beau matin à la mairie. On signera. Nous remercierons les témoins.