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LETTRES 1883-1887

Rentré à la maison, comme un fou, je lui écrivis une lettre d’excuses, lui jurant que j’avais cru faire une chose très simple et à la leçon suivante très simplement elle me proposa elle-même cette visite. Ce fut naturellement une occasion de causer, et je la raccompagnai chez elle. Et, tu t’en doutes, après ce musée ce fut un autre musée. Puis souvent, quand je lui donnais mon billet d’opéra, je réservais ma place à côté et nous causions, et je la raccompagnais et je me faisais connaître. Cela alla ainsi sans un mot de plus jusqu’au quinze mai.

Je partis pour Bade, puis Paris, Coblentz, Babelsberg. Je suis à Berlin depuis le premier septembre et nous sommes aujourd’hui le huit. Nos courses aux musées et à l’opéra, et la raccompagner ensuite, recommencèrent. Je devais partir incessamment. Nous nous étions promis de nous écrire en bons amis. Et chaque fois, sous divers prétextes, je retardais mon départ. Et avant-hier, en la raccompagnant, je lui ai tout dit — je ne lui ai pas dit : « Je vous aime ». Je lui ai balbutié des tas de choses que je ne me rappelle plus. (C’était le long du bois, figure-toi par exemple comme à Passy ou à Neuilly.) Je lui ai demandé si elle me connaissait, elle m’a dit que oui.

Je lui ai demandé, avec des tas de circonlocutions,