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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

CXIX

À ÉMILE LAFORGUE

[Juillet 1886][1].
Mon cher Émile,

Reçu ta lettre. Une chose m’enchante, c’est quand tu dis : « Je ne me dissimule pas que tout est à recommencer, mais je suis persuadé aussi, même après avoir vu les autres, que j’y arriverai ». À la bonne heure.

Je me souviens du temps où je portais à Bourget des pièces de théâtre, des chapitres de roman, et des masses de vers, en songeant : de ce coup-ci, il va être épaté ! Et il me répondait le dimanche suivant : « Vous ne savez pas encore le français, ni le métier du vers, et vous n’en êtes pas encore à penser par vous-même. »

Quand je relis ce qui me reste des vieilles choses, je sens combien il avait raison et je me félicite de

  1. Date indiquée par Mme Labat.