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LETTRES 1883-1887

CXVI

À THÉOPHILE YSAYE

Coblence [1885, novembre].
Mon cher Théo,

C’est là que je voudrais vivre (mélodie connue). Ma fenêtre m’offre toujours, et dans le même cadre, le même panorama — le Rhin flasque, agité parfois par de lourds bateaux à vapeur ou caressé de flots lisses — et dans le lointain la chaîne des collines avec leurs jolies maisonnettes, avec les chemins de ronde des fortifications.

Une note charmante : l’aboi clair des chiens qui me parvient de l’autre rive, aussi clair que de l’aquarelle (ne regarde pas cela seulement comme de la Littérature, mais bien comme une impression réelle).

Voudrais-je te dire que je ne m’ennuie pas — ce serait comme si je voulais t’assurer que j’ai ressenti