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LETTRES 1883-1887

le volume des Amours jaunes qu’en juin dernier (un rare exemplaire acheté chez M. Vanier).

Ceci confié, je me reconnais un grain de cousinage d’humeur avec l’adorable et irréparable fou Corbière. Je vais publier une étude dévouée sur son œuvre, et me reportant à mes Complaintes, je crois pouvoir démontrer ceci : si j’ai l’âme de Corbière un peu, c’est dans sa nuance bretonne, et c’est naturel ; quant à ses procédés, point n’en suis : ce sont triplés et plus spontanés ceux d’Anatole de Manette Salomon, de Banville, de Charles Demailly, des Frères Zemganno et les pitres déchirants de la Faustin.

Corbière a du chic et j’ai de l’humour ; Corbière papillotte et je ronronne ; je vis d’une philosophie absolue et non de tics ; je suis bon à tous et non insaisissable de fringance ; je n’ai pas l’amour jaune ; mais blanc et violet gros deuil. Enfin, Corbière ne s’occupe ni de la strophe ni des rimes (sauf comme un tremplin à concetti) et jamais de rythmes, et je m’en suis préoccupé au point d’en apporter de nouvelles et de nouveaux ; j’ai voulu faire de la symphonie et de la mélodie, et Corbière joue de l’éternel crincrin que vous savez.

Ne parlons pas de mes procédés : je ne crois pas à mon obscurité, à mes rébus (comme dit