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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

XCVIII

À M. CHARLES HENRY

Jeudi [janvier 1885].
Mon cher ami,

Merci pour les Poètes maudits.

Fait-il beau à Paris ? Ici j’ai dans les yeux en ce moment les Linden dans un joli brin de soleil d’hiver. Je songe à la place de Médicis par ce temps-là et je me sens rudement exilé.

Je ne fais rien depuis le 1er décembre, c’est-à-dire mon arrivée ici. J’ai le cœur vide de tout le vide de la province, et alors, comme tu sais, c’est la question féminine qui s’installe, plus insoluble que la question d’Orient. Je ne puis la résoudre ici et en à compte sur l’infini que par deux ou trois contemplations platoniques, et de hasardeux dérivatifs physiologiques. Tout cela pour dire que je m’embête inexprimablement. Je ne lis rien, je