Je fume beaucoup de cigares. Je ne passe pas de jour sans entendre de la musique[1].
Bals à la cour.
Et Kahn ? Quelles nouvelles ? sait-il mon adresse ? Quelle est la sienne ?
Demeurez-vous toujours rue Berthollet[2] ? avez-vous grandi depuis que je ne vous ai vu ? Allez-vous toujours à la Sorbonne ?
Pourriez-vous savoir chez Cadart combien coûterait une collection d’eaux-fortes de Chifflard ?
Avez-vous lu la Faustin[3] ? Pierrot sceptique de Huysmans et Hennique ?
Moi, je suis tiraillé de tous côtés. Quand je flâne, je me reproche de n’être pas à arranger mon bouquin de vers. Quand j’y travaille, je songe à l’érudition d’art que je lâche sous prétexte qu’il faut des voyages ; puis je me reproche de ne pas faire assez d’allemand (je ne parle que français ici, et ne
- ↑ Par l’entremise d’un journaliste français alors à Berlin, M. Th. Lindenlaub, Jules Laforgue venait de faire la connaissance de jeunes musiciens belges, l’un violoniste, l’autre pianiste, Eugène et Théophile Ysaye ; c’est surtout avec ce dernier que Laforgue se lia. Ils se voyaient chaque jour quand les exigences de la cour n’entraînaient pas Laforgue hors de Berlin.
- ↑ M. Charles Henry habitait alors rue Berthollet un appartement qui donnait sur les jardins du Val-de-Grâce dont la vue avait enchanté Jules Laforgue, l’automne précédent.
- ↑ Le roman de Goncourt.