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LETTRES 1881-1882

XLII

À Mme MULLEZER

Coblentz, lundi [juin 1882].
Chère Madame, cher poète, chère oublieuse, etc., etc.

Je ne vous confierai pas que je m’ennuie prodigieusement, ici comme partout. — Cela va de soi. — Je loge près de la chapelle anglaise du château et passe mes dimanches, comme hier, à travailler, rideaux tirés, en écoutant les éternelles et très lamentables litanies accompagnées par l’orgue ; cela dure deux heures, pendant lesquelles je suis accablé de tristesse, je renais ma vie, ma triste vie, je songe aux cloîtres. — Puis les voix se taisent, je me mets à la fenêtre et je vois sortir toute la colonie anglaise de Coblentz, entre autres un pensionnat de young ladies en toilettes exquises, tout plissés et bouillonnes, adorablement maigres et